Bien que retirées, nous sommes touchées par tout ce qui affecte la vie des hommes et des femmes d’aujourd’hui.
Au Carmel, la prière et la vie sont intimement liées : la prière féconde nos vies, et la vie nourrit notre prière. Ce va-et-vient perpétuel est le lieu même où nous scrutons les traces de l’amour que Dieu porte à notre monde aujourd’hui.

 

Nous accueillons, dans notre vie d’Alliance avec le Seigneur ceux qui sont proches (familles, amis) et ceux qui sont loin. Notre souci d’information vient rejoindre les préoccupations de nos contemporains, pour présenter au Seigneur les besoins du monde qui nous entoure.

Il y a plusieurs siècles, sainte Thérèse d’Avila s’en faisait déjà l’écho :
« Un père qui arrivait des Indes se mit à me parler des millions d’âmes qui se perdaient dans ces contrées. (…) Tout en larmes, je suppliai notre Seigneur de me fournir les moyens d’attirer quelques âmes à son service, de donner quelque pouvoir à mes prières (…) » (Fondations, ch. 1)

Aujourd’hui, les guerres, la violence, la détresse n’ont pas cessé : notre prière confiante continue elle aussi son office. Elle est notre arme dans le combat pour la vie.

Ecouter les appels de l’Esprit Saint

La prière est notre manière privilégiée de mettre nos vies à l’écoute de l’Esprit Saint : il conduit l’Eglise, il la fait vivre et grandir. C’est pourquoi nous prions avec et pour l’Eglise : les prêtres, les missionnaires, les jeunes en recherche de vocation, l’Eglise locale dans laquelle nous vivons… Ce lien avec l’Eglise affecte notre vie de prière comme notre vie de communauté, dans ses engagements concrets.

Thérèse d’Avila, brûlée par l’amour du Christ, voulait être, avec ses sœurs, tout entière au service de l’Église :
« Il me semblait qu’en nous occupant toutes à prier pour les défenseurs de l’Eglise, nous viendrions, selon notre pouvoir, au secours du Christ, car on dirait que certains veulent l’attacher de nouveau à la croix ! » (Chemin de perfection, ch. 1)

Aujourd’hui, nos communautés de carmélites s’engagent par par la prière contemplative à soutenir la Nouvelle Évangélisation, et dans les circonstances parfois graves qui touchent l’Église et les chrétiens, joignent le jeûne à la prière pour s’unir à l’intercession et à l’offrande du Christ.

La prière est ce par quoi nous participons à la transformation du monde : au lieu de vouloir tout changer par nos propres forces, nous nous laissons peu à peu transformer par Dieu lui-même. C’est tout un chemin spirituel, qui prend du temps, pour le laisser changer notre regard. Progressivement, chaque sœur personnellement, et en communauté, nous apprenons à regarder le monde avec les « yeux de Pâques », un regard plein d’espérance, de charité, et de foi en la vie.

La transformation intérieure, vécue dans la prière, est l’essentiel de ce que sainte Thérèse d’Avila décrit dans ses œuvres :
« Un simple regard sur la divine image que je porte gravée au fond de mon âme me rend souverainement libre. » (Livre de la Vie, ch. 37)

Aujourd’hui, nous avons plus que jamais besoin de nous savoir aimées inconditionnellement… Dans la compagnie du Seigneur, nous découvrons et devenons porteuses de cet amour pour chaque créature.

 

Unir action et contemplation

Par le compagnonnage avec des sœurs dans une communauté, nous découvrons combien peuvent s’harmoniser action et contemplation : la vie contemplative est profondément active, toute occupée du prochain par amour du Christ ; et la vie authentiquement active est contemplative, parce qu’elle reconnaît en Dieu la source de toute action juste et bonne.

Selon sainte Thérèse d’Avila, la vie en communauté permet d’unir action et contemplation, pour être tournées en même temps vers Dieu et vers les autres :
« Pour donner à Notre Seigneur une hospitalité parfaite, il faut que Marthe et Marie-Madeleine se joignent ensemble. Et savez-vous quelle est la nourriture de prédilection de notre Hôte ? C’est que notre zèle, par tous les moyens qu’il peut inventer, lui ramène des âmes, afin que ces âmes se sauvent et chantent ses louanges pendant l’éternité. » (Le Château intérieur, 7e demeure, ch. 4)

Aujourd’hui encore, la vie de communauté déploie sa densité : richesse des relations fraternelles, pardon, gratuité et service, louange et intercession, insertion nécessaire dans les réseaux économiques par le travail qui subvient à nos besoins… C’est tout cela que nous sommes appelées à vivre en union avec toute la Trinité, pour que ce monde créé par amour lui revienne dans l’action de grâce.