Nos racines

Au sommet du Mont Carmel, un homme prie. « Il est vivant le Dieu d’Israël devant qui je me tiens ». Au terme d’un défi singulier, il a passé par le fil de l’épée quantité d’hommes… face au désir de vengeance d’une femme, il a fui au désert et là, il a éprouvé ses limites… jusqu’à souhaiter la mort.

Voici Élie, le prophète au tempérament de feu. Plein de zèle pour le vrai Dieu, il se tient à présent à l’entrée d’une grotte : le Seigneur va passer…De Lui, il apprendra qu’Il ne se cache ni dans la tempête ni dans l’ouragan….ni dans aucun replis de la violence, mais dans le murmure d’une brise légère.

Vingt siècles plus tard, au temps des Croisades, l’écho de la prière d’Élie continue de retentir sur les pentes du Mont Carmel. « Il est vivant le Dieu d’Israël devant qui je me tiens ». Le Mont Carmel a gardé mémoire d’Élie comme d’un modèle de recherche de Dieu et d’obéissance à sa Parole.

Arrivés en pèlerins vers la terre qui a vu naître le Christ, des hommes s’installent près de la source d’Élie. Ils désirent une vie purement contemplative et vivent en ermites à proximité d’un petit oratoire qu’ils ont bâti et dédié à la Vierge Marie ; c’est elle qu’ils ont choisie comme titulaire et patronne.

Bientôt, selon leur souhait, ils reçoivent d’Albert, alors patriarche de l’Église de Jérusalem, une Règle qui organisera leur vie : l’Ordre des Frères de Notre Dame du Mont Carmel est né.

Au XIIIe siècle, les Sarrasins entreprennent la reconquête de la Terre Sainte. Les frères Carmes prennent alors le chemin de l’exil. Ils se dirigent vers l’Europe et retournent dans leurs pays d’origine.

Après biens des démarches et des recours auprès des plus hautes autorités de l’Église, les Carmes tout en conservant leur spécificité contemplative originelle, seront progressivement affiliés aux Frères mendiants (franciscains, dominicains…).

Au XVIe siècle, derrière les hauts remparts de la ville d’Avila, en Espagne, Teresa de Ahumada y Cepeda (Sainte Thérèse d’Avila) (1515-1582) est religieuse au Carmel de l’Incarnation.

Elle se sent partagée jusqu’au tourment, entre son désir d’une vie plus parfaite et les avantages qu’elle trouve dans le relâchement relatif de la vie religieuse de son époque.

Un jour, alors qu’elle prie devant une statue du Christ, ses atermoiements cèdent. « Il est vivant le Dieu d’Israël devant qui je me tiens ».

C’est l’heure de sa « conversion ». La voilà bel et bien décidée à faire « le tout petit peu qui était à sa portée, c’est-à-dire suivre les conseils évangéliques aussi parfaitement que possible ».

Favorisée de nombreuses grâces surnaturelles, elle se sent appelée à fonder un couvent où l’on observera la règle primitive de l’Ordre de Notre-Dame du Carmel. C’est le début de la réforme thérésienne.

Sur le chemin de ses fondations, elle rencontrera le futur Saint Jean de la Croix.   Lui aussi aspire à une vie religieuse rendue à une plus grande authenticité.

Il pense s’orienter vers la Chartreuse, mais Thérèse d’Avila le convainc de la suivre dans sa réforme ; il entreprendra la réforme de la branche masculine du Carmel.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus
En France, deux carmélites de la fin du XIXème siècle, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face (1873-1897) et Sainte Élisabeth de la Trinité (1880-1906) ont été élevées aux honneurs des autels.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus mieux connue sous le nom de «Thérèse de Lisieux » ou plus simplement de la « Petite Thérèse » a laissé le récit de son parcours spirituel dans son « Histoire d’une âme ».

A une époque encore marquée par un certain jansénisme, elle ouvre en grand les portes de sa petite voie, toute de confiance en la miséricorde du Père. Sa vocation : être l’amour au cœur de l’Église.

Elle désire tout faire par amour (du Christ et de son prochain)…à commencer par les plus petites choses du quotidien…car « Il est vivant le Dieu d’Israël devant qui je me tiens ».

De nombreux miracles ont lieu dès après sa mort, confirmant son intuition qu’elle passerait son Ciel à faire du bien sur la terre. Elle est aujourd’hui docteur de l’Église et patronne des Missions.

Sainte Élisabeth de la Trinité quant à elle nous partage sa vie en présence de la Trinité à travers quelques petits traités et une importante correspondance.

Musicienne dans l’âme, sa vocation : être une louange de gloire du Seigneur….

Oui, Il est vivant le Dieu d’Israël devant qui nous nous tenons, et cette devise du Carmel est toujours nôtre.

Sainte Thérèse d’Avila
Saint Jean de de la Croix
Sainte Élisabeth de la Trinité